Que devient la Thanatopraxie? Ou va la Thanatopraxie? Quel est le rôle du Thanatopracteur? Plus j'avance dans ce métier et moins j'en sais. Une chose est sûre, on ne nous apprend pas tout à l'école. J'entends assez souvent de mes aînés, que le thanatopracteur est censé venir sur le lieu du soin, faire le soin, et repartir. Tout simplement. Mais finalement, pas aussi simple... Aujourd'hui le Thanatopracteur n'est plus seulement Thanatopracteur, mais femme de ménage, transporteur, porteur et j'en passe. Est-ce ça la modernité ou est-ce tout simplement révoltant? Aujourd'hui, nous devons présenter les corps, c'est à dire les manipuler, les porter pour les présenter dans le cercueil ou sur table... Une manipulation pour laquelle la loi exige que nous soyons deux, mais nous sommes seuls. Et si nous refusons de le faire, le client vas simplement voir ailleurs, et nous balaie comme on balaie de la poussière. Nous devons aussi bien préparer le cercueil, que la table et placer les jupes et autres accessoires. Nous devons aussi maintenant nous occuper du salon, mette la croix, remplir le bénitier... Remettre les fauteuil en place et aussi, lorsque nous voyons le sol sale, passer un petit coup de balai pour que tout soit parfait pour la famille. J'oublie aussi les fois ou nous devons nous même aller chercher les vêtements à l’agence et qu’à ce moment là on nous demande de prendre la parure de présentation avec nous. Dans notre coffre ! Et bien sûr, avec tout ça on nous presse comme du jus de citron pour que cela se fasse vite. Vite vite, « j'ai dit à la famille que le corps serait présenté dans une heure , vite, je dois fermer, vite, j'ai ma pause déjeuner.. ». Et avec tout ça, on exige de nous un savoir faire digne d'un chirurgien esthétique. « Est-ce possible de le faire dégonfler? ( sur un défunt ayant été sous traitement de cortisone), est-ce possible que le fond de teint fasse moins fond de teint? (sur un visage avec des hématomes), est-ce possible de lui détendre les jambes? (sur une personne qui fut recroquevillée les deux dernières années de sa vie)... » On prend aujourd'hui le Thanatopracteur pour un magicien ou pour une personne qui vient simplement palper du cadavre et du pognon. Et donc on peut tout nous demander. Je ne suis pas là pour dire "C'est le rôle de machin de". Je suis juste là pour dire stop, on arrête les bêtises. On veux bien rendre service, mais arrêtez de nous prendre pour des larbins. J'ai rencontré il y a peu un très « ancien » Thanatopracteur, plus de 40 ans de métier, et il m'as dit ceci: "Aujourd'hui, ce que vous faites, ce n'est pas de la Thanatopraxie." A méditer Elisabeth Bathory
vendredi 28 juillet 2017
Où va-t-on? Un article d'Elizabeth Bathory
samedi 8 avril 2017
Coup de sang. Un article d'Elizabeth Bathory.
Jeune diplômée en Thanatopraxie, je parcours les funérariums, tous différents les uns des autres,
tous plus ou moins aux normes, et plus ou moins propres. Mais aujourd'hui, je suis tombée sur un funérarium, disons... Atypique .
Passé le fait que j'ai l'impression de déranger, (bah oui, je suis nouvelle, je ne connais pas les lieux il faut me montrer) et voyant le corps dont je dois m'occuper, je préviens la personne en charge de l'établissement que j'aurais besoin d'aide pour installer le défunt sur la table de présentation. Défunt que les pompes funèbres m'ont présentée comme "corpulent", ce qui est., je vous l'assure, un euphémisme. L'on me répond alors sur un ton dédaigneux, que "ah non, nous on n'intervient pas!". Soit. Ce n'est pas "votre" corps,
c'est le corps d'une autre pompe funèbre qui a l'audace de venir squatter votre salon.
Je ne me démoralise pas pour autant et décide d'aller chercher mes valises, et de procéder au soin.
Arrivée dans le laboratoire, une note me met, excusez le terme, sur le cul. "Messieurs les thanatopracteurs, afin de maintenir
en bon état notre matériel, la pose de vos mallettes sur la table d'autopsie ou le plateau du chariot élévateur est interdite. Merci de votre compréhension."
Waw. incompréhension totale. J'analyse le laboratoire. Pas de chaise. Pas de plan de travail. RIEN, pour poser alors mes valises à hauteur humaine. Quand à l'état de leur matériel, la table d'autopsie est pleine de sable, de cailloux, le labo n'as visiblement pas été
nettoyé depuis longtemps et ils se soucient de l'état de leur matériel...
Excusez moi, messieurs-dames les pompes funèbres, mes valises ne causent pas la corrosion accélérée de vos tables d'autopsie/ chariot élévateur,
elles ne les déforment pas, n'y font pas de trou, et au grand malheur s'il advenait à un moment ou à un autres qu'elles causent des micro rayures, je pense que ce n'est rien comparé à toute la m…. que vous y posez dessus à longueur de temps.
Passée l'incompréhension, la colère. On est des chiens ou quoi? Notre métier est si méprisable que ça?
Est Ce normal, que je doive poser mes valises par terre? Est-ce ça un laboratoire aux normes? Vous ne vous rendez pas compte, après les domiciles, où on se casse le dos car les lits sont trop bas, où on se casse le dos à changer les draps, où on se casse le dos à mettre seul
sur la table de présentation les défunts, ce qui je vous le rappelle, est interdit dans la législation funéraire... Je vous rappelle également que cette dite présentation, nous la faisons à 90% du temps gracieusement, car non, ce n'est pas notre travail, ce n'est pas notre travail de sortir les
corps des cases réfrigérées, ce n'est pas notre travail de placer croix et bénitier, ce n'est pas notre travail de changer les draps, ce n'est pas notre travail de placer ou de transporter les parures, ce n'est pas notre travail de placer les chaises dans un salon, de placer
les bracelets d'identité et j'en passe.
Aujourd'hui j'ai du mettre mes valises à terre. Je me suis sentie rabaissée. Vous n'êtes pas Thanatopracteur. Vous ne connaîtrez et ne mesurerez jamais la complexité de notre métier. Vous les seuls juges de ce que l'on peut faire ou ne pas faire. Vous qui prenez
les décisions à notre place. Je n'ai qu'une question à vous poser, que ferez-vous, quand nous ne serons plus là?
mercredi 5 avril 2017
"Thanatopraxie,
lecture de corps" : autopsie d'un projet finalisé. Un article d'Incogni Tom
L'histoire
commence par mon expérience, après celle d'aide-soignant, en
pompes funèbres en tant que porteur, vente et création de
compositions florales durant laquelle j'ai pu accumuler de l'argent
pour financer ma formation de thanatopracteur que j'avais pour
objectif depuis plusieurs années déjà. Durant cette petite
expérience dans une entreprise, j'ai pu cotoyer une collègue
thanatopractrice qui m'a aidé dans mon projet et qui venait de
l'école dans laquelle je souhaitais passer ma théorie : Accent
Formation et ses formidables intervenants. Avec toutes les données
que j'ai pu récupérer grâce à elle, j'ai appris, absorbé toutes
les données du programme pour préparer cette formation pendant de
nombreux mois et d'innombrables journées et soirées d'études, à
chercher sur internet et dans mes livres de médecine générale et
de médecine légale, sans oublier "Pratique de la thanatopraxie " de version
antérieure à celle d'aujourd'hui. Cette passion pour le corps
humain et la médecine ne date pas d'hier...
Me voilà en
théorie en Septembre, pendant 3 mois consécutifs. Tout se passe
bien, le travail de préparation porte ses fruits. En Janvier,
j'enchaîne avec la pratique avec un thanatopracteur que j'avais
rencontré quand j'avais 19 ans pendant une journée d'observation,
soit 9 ans en arrière. Mission accomplie.
Nous sommes
dans une époque hyperconnectée, tout, ou presque, se trouve sur
internet, mais en terme de QCM, je suis resté sur ma faim. Certains
sites les proposent tous mais il faut payer. Quelques uns sont
disponibles gratuitement en quelques secondes en passant par Google.
La formation a déjà un coût important et je trouvais cela vraiment
dommage que quelqu'un qui souhaite préparer comme il se doit sa
théorie avant de se lancer histoire de ne pas faire une surchauffe
cérébrale pendant et de gâcher ses milliers d'euros déboursés,
ne puisse pas le faire comme il se doit sans payer encore ! Même si
j'avais déjà collecté sans aucune aide pas mal d'informations
avant de rencontrer ma collègue, j'ai eu la chance d'en glaner
encore plus grâce à elle mais si elle n'avait pas été là,
j'aurais vraiment apprécié que quelqu'un eut créé un espace sur
internet gratuit pour effectuer cette préparation et augmenter ses
chances de réussite. A la base, j'avais trouvé quelques programmes
d'écoles et quelques QCM gratuits de l'examen officiel qui avaient
donné le ton : anatomie, physiologie, médecine légale,
toxicologie, histologie, microbiologie, hygiène, législation,
thanatopraxie, psychologie du deuil... J'en oublie peut -être. A
partir de ces QCM et des programmes, j'avais constitué ma propre
banque de données à travers les livres et internet.
Après
obtention du diplôme de thanatopracteur, je me suis dit qu'il me
fallait donner cette chance et partager une partie de ces données à
d'autres mais ma réflexion m'avait amené à de nombreuses questions
: comment donner cette chance sans léser les écoles ? Est-ce que
toutes étudient les QCM pendant la formation théorique ? Pourquoi
avais-je entendu des élèves d'autres écoles s'étonner de voir
des questions de toxicologie à l'examen écrit ? Pourquoi cet
étonnement sur des questions apparemment non abordées sur d'autres
matières ? Quelles conséquences auraient le partage des QCM et de
leurs corrections ? Du coup, avant de lancer le projet qui était
pourtant déjà quasiment finalisé, je me suis renseigné, j'ai posé
les bonnes questions aux bonnes personnes qui m'ont invité à poser
directement la question au président du CNT, Mr DEGUISNE pour avoir
son accord afin de procéder en toute sécurité. Et je me devais
d'agir avec intégrité et justesse. Avec l'aide de Claire SARAZIN
qui a été le porte-parole de ce projet, j'ai finalement eu
aujourd'hui en rentrant du travail l'accord tant attendu, tant
espéré. Ainsi, j'écris ce soir cet article pour officialiser
l'ouverture de "Thanatopraxie :
Lecture de corps" et l'ouverture des accès à l'intégralité
des QCM et de leurs corrections depuis 2008.
Ce site,
comme je l'ai déjà expliqué sur le forum de Mickaël CURTI, a
plusieurs rôles et ne s'adresse pas qu'aux thanatopracteur en
devenir, mais aussi aux agents mortuaires et de pompes funèbres,
pour ne citer qu'eux. Initialement, j'avais créé ce "site",
si je peux l'appeler ainsi, pour faire le lien entre les
connaissances médicales et leur intérêt dans les soins de
conservation, dans ce que nous appelons, mon coéquipier de terrain
et moi-même, la lecture de corps. Nous écoutons avec les yeux. Le
défunt nous parle de sa vie, de ses derniers instants, de ce qui a
eu raison de lui, il nous donne des indications et des conseils sur
la manière d'aborder son soin, sur les problèmes que nous risquons
de rencontrer et donc nous permet de nous tenir prêt et d'éviter
l'erreur fatale ou les situations délicates. Si on ne peut pas faire
mourir ou souffrir un mort, on peut à mon sens atteindre sa dignité
en ratant le soin ou une partie du soin, et laisser un souvenir
inacceptable, effroyable, indélébile dans la mémoire de ses
proches. Certains arrivent à dormir avec, moi pas. Les conséquences
à long terme sont de détruire la profession à petit feu car cette
famille avec le souvenir de leur défunt défiguré, abominable,
refusera le soin de conservation la prochaine fois en vous disant :
"la dernière fois qu'on a fait faire un soin, c'était
l'horreur. On ne veut plus". C'est du vécu. Heureusement,
parfois nous avons encore la chance de leur prouver qu'il ne faut pas
généraliser même si leur crainte est fondée.
Ce site
permettra, je l'espère, d'éviter quelques erreurs à l'origine de
ce genre de réactions mais que les choses soient claires, en aucun
cas, il ne cherche à remplacer le travail ni l'encadrement des
écoles pour la partie théorique ni celui de la personne de terrain
pour la préparation de l'examen final. Aucun cours concernant les
matières sur lesquelles portent les QCM ne sera donné, aucun
conseil et aucun avis personnel sur les fluides à utiliser pour tel
ou tel cas, y compris en terme de dosage, ne sera divulgué, aucune
école ne sera citée ni mise en avant, aucune marque de fluide
homologué ou non ne fera l'objet d'articles ou de débats. Ce site
est et restera neutre, ses buts premiers prenant leur source dans
l'envie d'aider et de partager une passion, de donner la chance que
j'ai eue à d'autres. Peut-être que cet espace aura aussi un effet
de sensibilisation, de montrer avec des photos "légales"
de terrain, de montrer en partie de quoi il retourne réellement sans
non plus tout dévoiler, le but n'étant pas non plus de choquer ni
d'attirer les mauvais curieux. Certains réaliseront peut-être que
ce métier n'est pas pour eux, que leur vie n'est pas adaptée ni
adaptable pour le pratiquer, que leur sensibilité n'y correspond
pas, ou autre raison, que ça n'est pas une vocation, juste une lubie
passagère.
Trêve de
bavardage, le mieux est de juger par vous-même. Pour accéder au
contenu, vous devez vous "enregistrer" (voir sous le titre
du site) et c'est entièrement gratuit. Je procède en ce moment à
un travail de seconde relecture des QCM et de leurs corrections, une
erreur de frappe, une inversion de réponses ou toute autre erreur
humaine est toujours possible mais vous aurez la possibilité de le
signaler. C'est une base d'échange, libre à vous d'apporter votre
pierre aux fondations d'un édifice que vous ferez s'élever par la
richesse, peu importe sa taille, de votre expérience personnelle. Un
livre d'or sera disponible sur le site si vous souhaitez partager vos
ressentis, autrement, si vous avez des questions ou autre besoin de
me contacter, je suis ouvert et disponible. Je suis le premier à
être heureux de pouvoir échanger avec d'autres thanatos qui sont
dans le même état d'esprit. N'oublions jamais d'où nous venons.
Bienvenue et
bonnes révisions.
lundi 3 avril 2017
Nous ne sommes pas médecins. Un article d'Incogni Tom
Les
thanatopracteurs ne sont ni médecins légistes, ni médecins
généralistes, ni d'aucune autre sorte. Pourtant ils se doivent de
maîtriser un minimum de connaissances médicales pour exercer
correctement leur métier. Durant la formation, il nous faut
apprendre une quantité astronomique de cours, de matières diverses
- anatomie, physiologie, médecine légale, législation,
toxicologie, microbiologie, histologie, etc - mais une, ou plutôt
deux, sont vraiment survolées voire non abordées :
l'anatomo-physiopathologie.
Pourquoi
savoir tout ça ? Pourquoi tant de connaissances sur ce qui a conduit
au décès ? Pourquoi tant d'informations sur la lecture de corps,
qui est le thème de départ de cet espace d'échange. "Nous ne
sommes pas médecins" après tout. N'avez-vous pas déjà
entendu cette phrase ? Pas besoin de savoir d'où vient l'ascite, on
a juste à le ponctionner. Pas besoin de savoir pourquoi ce corps a
un ictère alors que le problème vient du pancréas, on fait notre
injection, ponction et voilà... La robotisation du soin est un fléau
et me paraît tout l'inverse de ce qu'un thanatopracteur doit savoir
faire : analyser et adapter. Ce n'est pas au corps de s'adapter au
soin mais bien l'inverse, systématiquement. Et telle est la richesse
de ce métier. Chaque corps est une nouvelle histoire, une nouvelle
analyse, un soin qui lui sera propre, "personnalisé".
Voilà plusieurs situations qui, je l'espère, vont vous amener à
une certaine réflexion. Les situations décrites ci-dessous ont été
vécues.
Nous
arrivons pour un soin dans les locaux de pompes funèbres après une
découverte de corps. En saluant le personnel, nous remarquons la
présence du certificat de décès sur le bureau, que nous
consultons. Non, non, non... Rien à signaler. A peine, la porte du
labo poussée, il ne nous faut que quelques secondes d'observation
avant de nous regarder mutuellement. Nous paraissons instantanément
d'accord sur le résultat de l'analyse. Corps amaigri, taches noires
et pustules suspectes sur le corps, une quarantaine d'années...
J'enfile une paire de gants et je regarde immédiatement l'intérieur
de la bouche et la langue est blanche... Coïncidence ? Chance ? Pas
vraiment. Les taches noires sont sans l'ombre d'un doute des sarcomes
de Kaposi, les pustules, signe d'affection opportuniste profitant
d'une immuno-déficience certaine, à l'image de la candidose
linguale. Sans parler de la maigreur qui renforce la déduction. Nous
sommes sûrs à 99,9% d'être en présence d'un corps porteur du VIH
et rien n'est mentionné sur le bleu. Imaginez maintenant que vous ne
savez pas reconnaître un sidéen avec signes visibles, donc avancé.
Malheureusement, vous êtes victime d'un accident d'exposition au
sang pendant le soin mais comme vous êtes insouciant, optimiste
et/ou inconscient, en vous disant que ce n'est qu'un corps parmi tant
d'autres, vous ne mettrez pas en place de le protocole qui suit
l'A.E.S. Vous aurez ensuite des rapports sexuels avec votre
partenaire voire plus. Faute de connaissance, même si c'est une
maladie connue, votre vie sera quelque peu modifiée, et vous en
aurez entraîné d'autres avec vous. Et je ne parle pas de
l'érysipèle, des contaminations par gants troués, de peau à peau,
d'ongle à ongle, d'ongle à bouche si vous les rongez, d'ongle à
oeil en vous le frottant, et j'en passe.
J'arrive
pour un soin à domicile sur une personne âgée en lit médicalisé.
Le corps est déjà habillé. La personne qui m'accueille chez elle
est pressée et doit s'absenter le temps du soin. Je me retrouve
rapidement seul sans avoir eu le temps de demander des renseignements
supplémentaires. Comment savoir ? Analyse de l'environnement. Le
corps a été changé de pièce pour la présentation et je ne me
permets pas de fouiller pour obtenir des réponses. Je n'ai pas les
traitements sous les yeux ni le matériel médical qui a été
utilisé pour les soins à domicile. Alors je laisse le défunt me
souffler quelques informations. J'ouvre le gilet et la chemise et
rabats le maillot derrière la tête, je remonte les manches,
descends la jupe, et jette un coup d'oeil dans le change, histoire de
voir s'il faut déjà prévoir de le changer. Le collant est
transparent, je vois à travers l'état des jambes. Résultats ?
Patch exelon, déshydratation, dermite ocre sur phlébite, début
d'escarre, ce qui renforce l'évidence d'un alitement prolongé et
donc de troubles vasculaires, d'insuffisance veineuse. La totalité
des informations réunit me laisse penser que je n'aurai sûrement
pas à utiliser un deuxième bocal pour finir le soin dans sa
totalité, merci l'hypovolémie, que le sang va sûrement être épais
pour la même raison, plein de caillots, genre pâte à crêpe avec
les grumeaux qui vont avec, et que je vais sûrement avoir de la
fibrine à retirer. Avec les personnes âgées qui ont été traitées
pour Alzheimer et qui sont déshydratées, je redouble
particulièrement d'attention avec la peau. Dommage que les pompes
funèbres aient déjà arraché un lambeau au niveau de l'avant-bras
et que la manche de la chemise soit déjà souillée. Sans même
avoir envahi le corps avec mon matériel, j'ai déjà une idée de ce
que je vais trouver et déjà une idée de la façon dont je vais
aborder ce soin pour améliorer l'injection, la diffusion, drainage
et éviter de l'abîmer encore plus.
Un autre
domicile. Une autre personne âgée mais sur la table de présentation
cette fois. Le fils qui vivait avec et s'en occupait me dit qu'elle
est morte de vieillesse. Juste des traitements anti-coagulants, rien
de spécial. Pas d'informations particulièrement intéressantes. Une
fois encore, les jambes affichent comme souvent les signes de
troubles circulatoires. Je n'ai qu'à retirer la chemise de nuit pour
accéder à la nudité du corps, où devrais-je dire à sa richesse.
Turgescence jugulaire, réseau veineux très apparent et assez
gonflé, oedème... Insuffisance cardiaque droite très possible et
donc jugulaire et veines aux alentours gorgées de sang, prêtes à
rompre et à se vider. Un coup de bistouri ou de crochet maladroit et
ça sera les rivières pourpres. A domicile, mieux vaut vraiment
s'éviter ça. Un petit tour du tube de ponction dans l'oreillette
droite pour décongestionner tout ça avant d'inciser ne sera pas
inutile...
Soin en
EHPAD. Je trouve un corps sur une table de présentation avec un
oedème unilatéral léger du côté où la tête penche car cette
dernière n'est pas calée. Aucun cale-tête, aucun coussin.
J'interviens plusieurs heures après la mise sur table. Au moment du
décès dans le lit, la famille n'avait pas constaté de gonflement,
les pompes funèbres non plus au moment du transfert. J'arrive,
l'oedème s'est installé. Le soin n'y fait rien. Lorsque la famille
vient voir son défunt, elle signale le gonflement et les pompes
funèbres laissent sous-entendre que ça vient du soin. J'avais déjà
eu un cas d'oedème unilatéral au niveau du visage avec une tête
non calée, ainsi j'en déduis qu'il y a un lien avec l'oedème et
l'inclinaison de la tête. Si je ne sais pas encore l'expliquer avec
certitude même si je pense qu'il y a un lien avec les lividités qui
s'installent, j'ai au moins réussi à m'innocenter grâce à des
explications médicales.
Les
connaissances peuvent aider dans l'approche du soin, favoriser un
résultat que vous n'auriez pas eu sans ce savoir, vous faire
réfléchir sur l’intelligence ou la bêtise de vos choix, vous
éviter des situations dangereuses et/ou délicates aussi bien en
labo qu'à domicile, vous permettre d'expliquer que votre soin n'est
pas à l'origine d'un problème sur un corps, de savoir démontrer le
pourquoi du comment par A + B, et j'en oublie. Alors oui, "nous
ne sommes pas médecins" et les connaissances poussées que nous
pouvons développer et avoir en commun ne puisent pas leur intérêt
dans l'orgueil mais simplement dans l'essence de ce qui fait notre
métier.
dimanche 26 mars 2017
Casse-tête. Un article d'Incogni Tom.
Caler la
tête ? Evidemment, me répondrez-vous. Malheureusement, cette
évidence n'en est toujours pas une pour tout le monde. Pour une
raison ou pour une autre - peu de chance qu'elle soit légitime -
lors d'une intervention pour un soin de conservation, je retrouve le
défunt avec la tête penchée, mal calée sur son support ou tout
simplement sans cale aucune. Et intérieurement, je maudis les
responsables de ce qui m'apparaît ni plus ni moins comme une
négligence qui n'a pas lieu d'être, sans même dire que les
familles payent pour un service censé être de qualité, et ça
commence plutôt mal. Le défunt n'est pas un tas de viande qu'on
dépose sur un plateau ou une table de présentation parce qu'on est
pressé, parce qu'il est l'heure de rentrer chez soi, parce qu'on a
oublié une partie du matériel, auquel cas, on trouve une solution
pour ne pas laisser ce corps, un parent, un grand-parent, dans cet
état. Question de respect, de dignité et de conscience
professionnelle. Et ici, je ne parle pour l'instant que des raisons
morales, qui concernent tous les acteurs du funéraire, de ne pas
oublier ce "petit détails".
Outre
l'aspect éthique, caler une tête convenablement peut directement
influencer un soin de conservation : favoriser un résultat optimal
ou au contraire, favoriser les complications au cours du soin voire
saboter le résultat final même si ce ne sont pas non plus des
conséquences désastreuses. Outre le respect du défunt, il ne faut
pas oublier le respect du thanatopracteur qui n'est ni magicien ni
fournisseur de matériel funéraire. Tel corps n'aurait pas subi une
altération localisée des tissus par les acides gastriques de son
vomi qui a coulé parce que la tête n'était pas calée ; tel autre
corps n'aurait pas eu la moitié de son visage intégralement marqué
par les lividités puisque le sang a migré dans la zone déclive de
la tête si cette dernière avait été positionnée comme il se
doit. Dans le meilleur des cas, le soin aura lieu rapidement et cette
conséquence d'une erreur si facilement évitable sera corrigée par
l'injection, voire par les cosmétiques. Dans d'autres circonstances,
le corps aura séjourné dans une cellule trop froide, le soin aura
eu lieu plus tardivement que prévu et les lividités seront fixées,
au mieux, elles éclaiciront mais il faudra compenser plus par les
cosmétiques tout en laissant un corps avec un visage naturel. Dans
un autre cas, cela favorisera des gonflements du visage pendant
l'injection. Tout ça pour une tête mal calée, tout ça pour une
poignée de minutes pour ne pas dire de secondes d'un temps qui, s'il
est précieux pour vous, l'est aussi pour nous.
Personnellement,
en moins d'un an, j'ai déjà été confronté à deux cas
particuliers de gonflement unilatéral du visage et dans les deux
cas, les lividités étaient importantes sur le côté qui penchait.
En comparaison, c'était comme si un oedème de Quincke (qui est
bilatéral et qui se produit généralement lors d'une réaction
allergique sévère) n'avait atteint le visage que d'un côté. La
première fois, c'était lors d'une découverte de corps. Les pompes
funèbres avaient trouvé la personne décédée sur le ventre, joue
contre terre, avec la partie déclive gonflée. Le second cas était
celui d'une personne décédée en établissement de soin, laquelle
était restée dans sa chambre pour être présentée jusqu'aux
obsèques. Lorsque le corps avait été déposé sur la table
réfrigérée, il n'y avait aucune cale sous la tête, pas même un
coussin, et la tête penchait. Cependant, aucun gonflement n'avait
été remarqué par les proches ou les agents des pompes funèbres.
Une bonne demi-journée plus tard, j'étais intervenu pour le soin et
avais trouvé un corps avec un côté du visage assez marqué par des
lividités et surtout étrangement gonflé, ce qui m'avait
instantanément renvoyé au premier corps. Dans aucun des deux cas,
après soin, ce gonflement n'avait été résorbé ni aggravé, et
dans le premier, il n'y avait aucun oedème sur le reste du corps, le
second aux quatre membres et au niveau des flancs. Malheureusement,
dans le second cas, les circonstances ont fait que j'ai été
suspecté de soin médiocre à cause de ce gonflement du visage qui
pourtant était déjà là avant le soin. Les coupables étaient
alors innocents et vice versa, le monde à l'envers. Les oedèmes
unitaléraux du visage sont rares, même chez le vivant, et je suis
donc persuadé que l'inclinaison de la tête chez le défunt y est
pour quelque chose. La compression des capillaires du visage par les
lividités pourrait-elle générer une fuite d'eau dans les tissus ?
Une cause de décès particulière impliquant une augmentation de la
pression hydrostatique ou une stase veineuse combinée à une tête
penchée peut-elle être à l'origine de cet étrange gonflement ? Je
suis retourné voir le second corps plusieurs heures après le soin
et le corps était toujours tel que je l'avais trouvé. Mystère...
Mais je continue les investigations.
Parlons à
présent du temps que l'on perd à faire un travail qui n'est pas le
nôtre. Parlons du thanatopracteur qui court pour ne pas rentrer à
vingt-trois heures chez lui parce qu'il lui reste d'autres soins
après celui-là, loin de là, et qu'on lui fait perdre un temps fou
à chercher une solution pour caler la tête. Trouvez-vous normal de
nous voir contraints de demander à une famille de nous donner de
quoi caler la tête de leur défunt parce que les pompes funèbres
n'ont pas fourni le matériel de base pour une présentation digne de
ce nom ? Trouvez-vous normal qu'un thanatopracteur perde son temps à
faire un travail qui n'est pas le sien, à trouver un substitut de
cale-tête parce que sa conscience professionnelle lui dit de ne pas
laisser l'innocent muet devant lui avec la tête de travers ? Qu'en
penserait la famille qu'il ne prendra heureusement pas, du moins
cette fois, en otage dans son combat avec les pompes funèbres ?
Souhaitez-vous que nous expliquions à vos clients pourquoi nous
avons été forcés de trouver une couverture ou une boîte de gants
pour faire ce qui n'avait pas été fait avant notre passage ? Est-il
nécessaire de rappeler le rôle de chacun et les notions de respect,
de dignité du défunt et de conscience professionnelle ? Il faut
malheureusement croire que oui. Alors pour le bien de tous, calez la
tête.
Réveillons-nous! Un article de Sébastien Boukhalo
La loi sur l’autorisation des soins
sur les porteurs du HIV et des hépatites va surement passer en
cette année d’élection présidentielle. Force est de constater
que les politiques et les associations de lutte pour le droit à
mourir dans la dignité auront gain de cause face à une poignée de
professionnels qui, silencieusement, travaillent dans l’ombre.
Au départ, il était question d
‘interdire les soins à domicile, mais là aussi face à la
pression d’autres associations, le ministère de la santé
abandonne l’idée.
Pour les domiciles, ça peut
s’entendre. Il est vrai que le transport dans un « lieu
dédié » engendre des frais supplémentaires. Le plus simple
aurait été d’interdire de garder les défunts à domicile, mais
dans notre pays, cette tradition est encore bien ancrée.
Ces associations, qui n’on aucune
connaissance de notre métier et de nos conditions de travail
réfléchissent pour nous et nous imposent leur point de vue.
Nous continuerons donc de pratiquer des
soins à domicile sans avoir connaissance de la sérologie des
personnes que nous aurons à traiter.
Je me suis inscrit depuis quelques
jours sur un forum : Séronet, sur lequel je discute avec des
séropositifs et je m’aperçois que nous avons une très mauvaise
image. ; on pense que nous ne respectons pas les défunts
porteurs de maladies transmissibles ; il y a une totale
méconnaissance de la pratique de la thanatopraxie. A force
d’explications, j’arrive à faire passer l’idée que nous
valons mieux que l’image que les médias renvoient de nous.
De mon point de vue, nous sommes les
professionnels qui avons le plus d’égards pour les corps des
personnes décédées, parce que c’est notre métier de nous
occuper d’eux et que nous avons été formés pour cela. Si le
législateur avait cru bon d’interdire les soins de conservation
sur les corps porteurs de maladies transmissibles, ce n’était pas
de notre fait.
A présent, cette loi va passer sans
que l’on puisse réagir, mais à titre personnel, ce qui me dérange
le plus, c’est qu’elle est devenue électoraliste Bien-sûr, à
la veille des élections, on fait du clientélisme et pour se donner
bonne conscience, on nous oblige à être à jour du seul vaccin
existant (l’hépatiteB) et à présenter des résultats d’analyses
sanguines pour obtenir une habilitation. Nous n’aurons bientôt
plus qu’à nous promener avec notre petit kit de trithérapie
d’urgence à utiliser en cas d’accident ! Et cela s’ajoute
aux nouveaux pacemakers ultra miniaturisés dont on ne sait pas
encore comment nous allons bien pouvoir procéder pour les explanter…
C’est le monde à l’envers , nous
allons être obligés de nous justifier pour pouvoir travailler et
nous allons prendre encore davantage de risques . Il est temps
de recadrer les choses.
Si nous devons pratiquer des soins
sur des corps porteurs de virus transmissibles, qu’on nous le
signale au moins, afin que nous puissions prendre nos dispositions en
matière de sécurité et qu’on nous donne les moyens d’exercer
notre métier dans de bonnes conditions ! Et pour ce qui
concerne les pacemakers, il faut soit en laisser la charge aux seuls
médecins, les plus aptes à pratiquer ce genre d’actes, ou alors
il faut nous former pour cela.
Aujourd’hui, je ne vois arriver
aucune réponse à nos questions et je m’interroge sur ce que
l’avenir nous réserve.
Comme nous sommes trop peu nombreux
pour mener une action au niveau national, je pense que nous devons
nous rapprocher des associations, qui ont plus de poids que nous,
afin d’entamer un vrai dialogue.
L’échéance est proche mais nous
avons encore un peu de temps… Réveillons-nous.
La métaphore du poulet pas rôti
J’espère ne
froisser personne si je rappelle en préambule que l’Homme, qui ne
descend pas vraiment du singe, n’est cependant qu’une espèce de
primates parmi d’autres. Cette grande famille compte 130 espèces
de singes et une seule d’humains : l’homo sapiens sapiens,
c'est-à-dire nous, seuls rescapés de la dernière ère glaciaire
qui a vu s’éteindre notre cousin Neandertal.
C’est
l’australopithèque, considéré comme le premier Homme, qui a
entamé il y a 5 millions d’années, la séparation entre les
humains et leurs autres cousins primates. Depuis, nous régnons en
maîtres absolus sur la terre et aucune autre espèce animale ne
conteste notre suprématie.
« Nous »
avons appris à marcher, à faire du feu, à nous servir d’outils,
à parler… Et surtout nous avons développé une conscience. Et
pourtant, si notre cerveau a évolué, notre génome est semblable à
98% à celui du chimpanzé. Nous sommes des humains et nous dominons
tous les animaux grâce à notre intelligence, mais nous n’en
sommes pas moins constitués de la même matière qu’eux. Après
notre mort et même si nous avons tout à fait le droit penser que
notre âme s’en échappe, notre corps se dégrade de la même façon
que celui de n’importe quel animal. Même si cette idée n’est
pas réjouissante, une nouvelle biologie se met en place et tout
corps, même humain, commence à se décomposer. C’est inéluctable.
Nous savons tous
que nous sommes mortels, mais nous l’oublions à chaque instant
parce que cette idée est terrifiante et aussi parce que nous sommes
incapables de concevoir notre propre fin. Nous rejetons la mort, la
nôtre mais aussi celle de nos proches. Confrontés à la perte d’un
être cher, il nous faut traverser une série d’étapes et d’états
émotionnels avant de parvenir à l’acceptation. Dominés par nos
sentiments qui inhibent notre raisonnement, il nous est impossible
d’envisager le défunt en tant que cadavre.
S’il n’est
pas question d’expliquer à une famille encore sous le choc de
l’annonce du décès, le processus de décomposition dans ses
moindres détails, il est en revanche indispensable pour tout
conseiller funéraire d’en avoir connaissance. En effet, s’il est
chargé d’organiser les obsèques, on lui confie également un
corps humain, dont il devient responsable. Il lui appartient donc
d’anticiper les problèmes et de proposer des solutions, car elles
existent. La plus efficace et la seule qui permette à l’heure
actuelle d’exposer un défunt dans de bonnes conditions d’hygiène
et de sécurité et de laisser de lui une dernière image apaisée
et apaisante est la Thanatopraxie, mais on peut également avoir
recours à la table réfrigérante, à la rampe, ou tout simplement à
la cellule réfrigérée. L’important est de connaître les limites
de toutes ces méthodes de conservation.
Il faut bien
distinguer la manière dont on doit expliquer le processus de
décomposition et les solutions qui permettent de l’enrayer ou
simplement de le ralentir aux professionnels qui devront dispenser
les meilleurs conseils aux familles et les mots soigneusement pesés
et choisis avec lesquels ces mêmes professionnels devront aborder
cette question délicate avec les familles.
Il est évident
que personne ne rapporte de cadavre humain du supermarché, la
métaphore du poulet non vidé me semble donc bien plus parlante.
C’est l’argumentaire que j’utilise couramment avec les futurs
conseillers funéraires. Laisse-t-on un poulet non vidé à
température ambiante ? Non, et bien les conséquences d’une
exposition à température ambiante sans aucun traitement sont les
mêmes pour un corps humains que pour un poulet. Je pense que tout un
chacun est accessible à ce raisonnement, qui relève de la logique
la plus élémentaire et qui ne revient en aucun cas à comparer un
humain à un poulet, mais simplement à provoquer une prise de
conscience. Nous sommes constitués de la même matière que les
animaux et nous dégradons de la même manière. C’est un fait, pas
une simple vue de l’esprit.
Nous savons tous
que notre enveloppe charnelle n’est pas éternelle, mais lorsque
nous sommes touchés par un deuil, il nous est impossible de
l’entendre. Notez bien que je dis « nous », parce que
je m’inclus également. Nous Thanatopracteurs, conseillers
funéraires, porteurs ou fossoyeurs, sommes simplement des humains
comme les autres. Nous sommes confrontés aux mêmes épreuves tout
au long de notre vie et nous devons nous aussi faire face à la perte
de nos proches. Lorsque je parle aux familles, je puise simplement
dans mon expérience personnelle pour trouver les mots justes.
Ce n’est pas
simple, tout comme de s’aventurer à écrire sur un sujet aussi
tabou que la décomposition humaine. C’est très facile d’aller
prendre un mot ou une phrase et de les placer en dehors de leur
contexte pour leur faire dire n’importe quoi… Décider d’exprimer
ses idées, c’est forcément s’exposer. Mais qu’on adhère ou
pas à mon propos, il émane de ma propre réflexion, mûrie durant
toutes ces années passées à m’occuper des défunts et à essayer
de partager mon expérience et de transmettre mes connaissances.
Thanatopracteurs, qui êtes-vous?
Embaumeurs, le mot est plus joli mais peut prêter à confusion, c'est la raison pour laquelle nous sommes devenus des Thanatopracteurs. La Thanatopraxie n'est en aucun cas comparable à l'embaumement rituel pratiqué dans l'Égypte antique. Son but n'est pas religieux. Nous préservons l'intégrité du corps, nous le restaurons même lorsque cela est nécessaire. Il s'agit d'un embaumement chimique.
Notre formation se déroule sur deux ans. La théorie, qui donne lieu à un concours en deux parties, la médecine d'abord, puis la Thanatopraxie et les matières ayant trait au funéraire. Les reçus apprennent ensuite le métier avec un Thanatopracteur avant d'être évalués. Si leur évaluation est favorable, ils apparaissent alors sur la liste des titulaires du Diplôme National de Thanatopracteur, qui nous donne le droit d'exercer.
Que faites-vous?
Nous effaçons du visage les stigmates de la souffrance et de la mort et nous bloquons le processus biologique de dégradation naturelle du corps afin de permettre aux familles de veiller sereinement leurs défunts et de commencer le travail de deuil sur une image apaisée et apaisante.
La Thanatopraxie est à l'heure actuelle la seule technique permettant de conserver le corps d'un défunt dans de véritables conditions d'hygiène et de sécurité. Des solutions palliatives
utilisant le froid, telles que les tables réfrigérées, existent mais ne sont en aucun cas des substituts et ne sont pas comparables en terme d'efficacité.
Comment avoir recours à vos services?
La Thanatopraxie est un service extérieur aux pompes funèbres, sauf dans le cas où l'entreprise emploie un Thanatopracteur. Les soins ne sont pas obligatoires mais ce service existe et doit être proposé aux familles car c'est à elles et à personne d'autre qu'appartient la décision de les faire pratiquer ou non.
Les entreprises de pompes funèbres ont généralement l'habitude de collaborer avec l'une ou l'autre des sociétés de Thanatopraxie mais ne peuvent que proposer les services de cette société et non l'imposer. Les familles sont libres de faire appel au Thanatopracteur de leur choix.
Réponse à l'AFIF
Monsieur, je viens de lire le chapitre concernant la Thanatopraxie (http://www.afif.asso.fr/ francais/conseils/ conseil35.html#Autorisations%20 et%20mises%20en%20oeuvre) que vous avez écrit sur votre site de désinformation.
Devant tant d'ignorance et d'allégations fausses, je ne sais pas par où commencer...
Vous prétendez que le carboglace est le moyen le plus utilisé. Cela est totalement faux, il n'est encore utilisé à ma connaissance que dans de très rares cas et ce uniquement dans de très grandes villes comme Paris ou Marseille. D'ailleurs, même si les pompes funèbres le considéraient encore comme une alternative au soin de conservation (ce qui n'est pas le cas), il est devenu à peu près introuvable. Quant à son efficacité, elle est la même que pour tous les moyens utilisant le froid: très limitée donc et surtout sans aucun effet sur l'apparence du défunt. Je me permets de vous rappeler (ou peut-être de vous expliquer) que le but recherché n'est pas la conservation en soi mais la présentation dans de bonnes conditions d'hygiène et de sécurité.
Avez-vous la moindre connaissance du processus naturel de la dégradation des corps? Pensez-vous que l'application de carboglace peut l'arrêter? A vous lire, je me demande si vous avez seulement déjà eu l'occasion de voir un corps..
Pour ce qui concerne vos allégations sur les fluides de conservation, elles sont tout bonnement délirantes et scandaleuses. Rien de ce que vous écrivez n'est vrai. Pour commencer, la composition des fluides: faux, leur concentration en formaldéhyde: encore faux. Votre pseudo documentation doit dater des tout débuts de la Thanatopraxie en France. La liste des centres de formation et les textes officiels que vous publiez sont tout aussi obsolètes.
Le protocole du soin de conservation que vous présentez est incomplet et truffé d'erreurs.
Pourquoi vous lancer dans l'explication de choses que vous ne connaissez pas? Et ce sans même prendre la peine de vous documenter auprès de personnes compétentes avant?
Dernier point maintenant: Vos vérités
_Le formol qui provoquerait des leucémies
_Les émissions de dioxine
_"les scandales" que vous dénoncez
Sachez tout d'abord que nous ne pratiquons pas les soins "lors des cérémonies". Ensuite, veuillez je vous prie publier sur votre site les études et les preuves qui corroborent ce que vous affirmez. Si vous n'êtes pas en mesure de le faire, il vous faut par souci d'honnêteté (à laquelle vous semblez être si attaché) retirer tout cela. Vous pérorez sur des sujets que vous ne maîtrisez pas et prétendez donner des leçons. La profession serait parfaitement en droit de vous poursuivre en diffamation.
"L'Association française d'information funéraire ainsi que maintes sociétés de pompes funèbres respectueuses regrettent que la présence de la police ne soit plus obligatoire au moment de ces injections.
Des scandales éclatent : facturations sans mise en œuvre, tromperies, personnel non diplômé, non traitement des liquides aspirés..."
Vous jetez l’opprobre sur toute une profession. Qui êtes-vous pour vous le permettre?
Vous prétendez informer les gens? Commencez par vous informer vous-même.
Ce mail sera mis en ligne, je me passerai de votre avis comme vous vous êtes passé du nôtre avant de publier ce ramassis d'inepties.
Thanato, relève la tête!
Thanato, tu exerces un des plus vieux métiers du monde, mais
personne ne sait ce que tu fais,
Thanato tu dégoûtes, tu effraies, tu fascines,
Thanato, on te traite de barbare, on te dit que tu es un
vautour, que tu vis de la mort et du malheur,
Thanato, on t’accuse de polluer, de ne pas respecter les
lois,
Thanato, tu ne sers à rien, tu es un phénomène de mode, on peut te remplacer par de la glace carbonique,
Thanato, tu n’arrives jamais assez vite, tu n’en fais jamais
assez,
Thanato , tu es trop cher,
Thanato , tu travailles quand les autres mangent, dorment ou
sont en week-end,
Thanato, tu vis dans ta voiture, tu trimbales tes valises, tu
soulèves comme les fourmis plusieurs fois ton poids,
Thanato, tu mets ta santé en péril à chaque soin,
Thanato, tu n’as pas de vie de famille,
Thanato, tu es homophobe, tu n’as pas de cœur, tu es une
mauviette qui a peur d’un tout petit virus,
Thanato, relève la tête !
La Thanatopraxie, une profession confisquée
Il est une tradition extrêmement ancienne dans notre pays, celle de veiller les morts. C'est pour cette raison qu'à chaque époque de notre histoire, des techniques d'embaumement ont été imaginées, sans grand succès jusqu'aux premiers soins de conservation. Cette technique, importée d'Angleterre au milieu du siècle dernier a d'abord été réservée aux personnalités et aux notables. C'est au cours des quinze dernières années que la Thanatopraxie a pris son essor et s'est réellement démocratisée.
Aujourd'hui, elle est devenue accessible au plus grand nombre. Chaque famille endeuillée peut ou devrait pouvoir avoir recours aux services d'un Thanatopracteur.
L'acte en lui même ne peut légalement être pratiqué que par un professionnel diplômé et implique la mise en œuvre d'une technique, de matériel et de produits. Il a donc un coût.
La Thanatopraxie, est un service extérieur dans la plupart des cas (un Thanatopracteur peut être intégré au personnel de l'entreprise), ce sont cependant les pompes funèbres qui servent d'intermédiaire entre le Thanatopracteur et les familles. Ce sont elles également qui facturent les soins. Le Thanatopracteur est donc par le fait un sous traitant des pompes funèbres.
C'est au « client » pompe funèbre que le Thanatopracteur « vend » ses prestations. La différence entre le prix du soin « acheté » et celui du soin refacturé a une raison d'être. L'entreprise de pompes funèbres s'occupe de proposer le soin à la famille, d'effectuer les démarches, de contacter le Thanatopracteur et met le plus souvent ses locaux à sa disposition. Il est donc normal que le soin ne soit pas revendu à prix coûtant. Tout cela est strictement encadré par la loi.
Chaque année, le prix des fournitures augmente, il en est de même pour le carburant et tous les autres postes. Les entreprises de pompes funèbres répercutent naturellement cette augmentation sur leurs propres tarifs, tout cela est logique. Ce qui ne l'est pas en revanche, c'est qu'en dépit de cette augmentation constante, les tarifs des soins « vendus » aux pompes funèbres sont en chute libre. Il en est de même pour les salaires des Thanatopracteurs.
Comment expliquer ce déséquilibre?
A partir de 2003 et alors que la profession était très peu connue et le milieu funéraire assez fermé, quelques émissions et séries télé ont contribué à la promouvoir. Cette brusque médiatisation a déclenché beaucoup de vocations pas forcément toujours réfléchies. C'est ainsi qu'avant la mise en place en 2010 du numerus clausus, qui limite le nombre de reçus à l'examen théorique, un grand nombre de nouveau diplômés sont arrivés sur le marché de l'emploi qui n'a pas pu les absorber. Les Thanatopracteurs ne sont en aucun cas trop nombreux, simplement leur répartition sur le territoire français est totalement déséquilibrée et beaucoup d'entre eux ont choisi de s'installer à leur compte, faute de postes vacants. Nouveaux et inconnus sur des secteurs déjà bien desservis, les Thanatopracteurs qui ont franchi le pas ont commencé à brader leur savoir faire pour se rendre attractifs auprès des clients pompes funèbres et ont ainsi amorcé la baisse des tarifs qui depuis 10 ans a bientôt achevé de dévaloriser totalement ce métier pourtant si noble.
Il serait bien vain et inutile de chercher un coupable. Les Thanatopracteurs indépendants qui n'ont pas su réagir à temps ont leur part de responsabilité, tout comme les grands groupes qui ont vu là une manne de main d'œuvre bon marché et celles des entreprises de pompes funèbres qui ont appliqué des marges déraisonnables. Se rejeter la faute ne ferait pas avancer le débat. Nous devons plutôt réfléchir à des solutions pour sortir de cette crise qui menace la profession, sans quoi c'est la Thanatopraxie telle qu'elle est pratiquée actuellement qui va tout simplement disparaître. Les Thanatopracteurs doivent relever la tête et retrousser leurs manches pour redresser la situation. La baisse des tarifs induit celle des salaires et forcément celle de la qualité des soins alors qu'elle ne se répercute en aucun cas au niveau des familles.
Que faire alors? Tout d'abord assainir les relations entre les pompes funèbres et les Thanatopracteurs. Nous devons collaborer ensemble au service des familles en dehors de tout rapport de force. Le travail bien fait a un prix. Il faut mettre en place une charte et un label de qualité qui seront une garantie autant pour les professionnels du funéraires que pour les familles qui seules ont le choix de faire ou non pratiquer des soins et de décider du Thanatopracteur qui les exécute.
Ensuite, il faut communiquer davantage sur notre métier, avoir une visibilité dans les Mairies, et les établissements de santé et maisons de retraite. La liste des entreprises de Thanatopraxie agréées doit y être déposée et être consultable par tous. Nous devons aller à la rencontre de ces professionnels aussi et faire un gros travail d'information sur le terrain.
Enfin, les Thanatopracteurs doivent reprendre le contrôle de leur propre profession afin de la revaloriser et d'assurer son avenir.
Nous sommes des Thanatopracteurs formés et titulaires d'un Diplôme National, notre métier est de pratiquer les soins aux défunts dans l'intérêt des familles.
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