dimanche 26 mars 2017

La Thanatopraxie, une profession confisquée

Il est une tradition extrêmement ancienne dans notre pays, celle de veiller les morts. C'est pour cette raison qu'à chaque époque de notre histoire, des techniques d'embaumement ont été imaginées, sans grand succès jusqu'aux premiers soins de conservation. Cette technique, importée d'Angleterre au milieu du siècle dernier a d'abord été réservée aux personnalités et aux notables. C'est au cours des quinze dernières années que la Thanatopraxie a pris son essor et s'est réellement démocratisée.
Aujourd'hui, elle est devenue accessible au plus grand nombre. Chaque famille endeuillée peut ou devrait pouvoir avoir recours aux services d'un Thanatopracteur.
L'acte en lui même ne peut légalement être pratiqué que par un professionnel diplômé et implique la mise en œuvre d'une technique, de matériel et de produits. Il a donc un coût.
La Thanatopraxie, est un service extérieur dans la plupart des cas (un Thanatopracteur peut être intégré au personnel de l'entreprise), ce sont cependant les pompes funèbres qui servent d'intermédiaire entre le Thanatopracteur et les familles. Ce sont elles également qui facturent les soins. Le Thanatopracteur est donc par le fait un sous traitant des pompes funèbres.

C'est au « client » pompe funèbre que le Thanatopracteur « vend » ses prestations. La différence entre le prix du soin « acheté » et celui du soin refacturé a une raison d'être. L'entreprise de pompes funèbres s'occupe de proposer le soin à la famille, d'effectuer les démarches, de contacter le Thanatopracteur et met le plus souvent ses locaux à sa disposition. Il est donc normal que le soin ne soit pas revendu à prix coûtant. Tout cela est strictement encadré par la loi.
Chaque année, le prix des fournitures augmente, il en est de même pour le carburant et tous les autres postes. Les entreprises de pompes funèbres répercutent naturellement cette augmentation sur leurs propres tarifs, tout cela est logique. Ce qui ne l'est pas en revanche, c'est qu'en dépit de cette augmentation constante, les tarifs des soins « vendus » aux pompes funèbres sont en chute libre. Il en est de même pour les salaires des Thanatopracteurs.
Comment expliquer ce déséquilibre?

A partir de 2003 et alors que la profession était très peu connue et le milieu funéraire assez fermé, quelques émissions et séries télé ont contribué à la promouvoir. Cette brusque médiatisation a déclenché beaucoup de vocations pas forcément toujours réfléchies. C'est ainsi qu'avant la mise en place en 2010 du numerus clausus, qui limite le nombre de reçus à l'examen théorique, un grand nombre de nouveau diplômés sont arrivés sur le marché de l'emploi qui n'a pas pu les absorber. Les Thanatopracteurs ne sont en aucun cas trop nombreux, simplement leur répartition sur le territoire français est totalement déséquilibrée et beaucoup d'entre eux ont choisi de s'installer à leur compte, faute de postes vacants. Nouveaux et inconnus sur des secteurs déjà bien desservis, les Thanatopracteurs qui ont franchi le pas ont commencé à brader leur savoir faire pour se rendre attractifs auprès des clients pompes funèbres et ont ainsi amorcé la baisse des tarifs qui depuis 10 ans a bientôt achevé de dévaloriser totalement ce métier pourtant si noble.

Il serait bien vain et inutile de chercher un coupable. Les Thanatopracteurs indépendants qui n'ont pas su réagir à temps ont leur part de responsabilité, tout comme les grands groupes qui ont vu là une manne de main d'œuvre bon marché et celles des entreprises de pompes funèbres qui ont appliqué des marges déraisonnables. Se rejeter la faute ne ferait pas avancer le débat. Nous devons plutôt réfléchir à des solutions pour sortir de cette crise qui menace la profession, sans quoi c'est la Thanatopraxie telle qu'elle est pratiquée actuellement qui va tout simplement disparaître. Les Thanatopracteurs doivent relever la tête et retrousser leurs manches pour redresser la situation. La baisse des tarifs induit celle des salaires et forcément celle de la qualité des soins alors qu'elle ne se répercute en aucun cas au niveau des familles.


Que faire alors? Tout d'abord assainir les relations entre les pompes funèbres et les Thanatopracteurs. Nous devons collaborer ensemble au service des familles en dehors de tout rapport de force. Le travail bien fait a un prix. Il faut mettre en place une charte et un label de qualité qui seront une garantie autant pour les professionnels du funéraires que pour les familles qui seules ont le choix de faire ou non pratiquer des soins et de décider du Thanatopracteur qui les exécute.
Ensuite, il faut communiquer davantage sur notre métier, avoir une visibilité dans les Mairies, et les établissements de santé et maisons de retraite. La liste des entreprises de Thanatopraxie agréées doit y être déposée et être consultable par tous. Nous devons aller à la rencontre de ces professionnels aussi et faire un gros travail d'information sur le terrain.
Enfin, les Thanatopracteurs doivent reprendre le contrôle de leur propre profession afin de la revaloriser et d'assurer son avenir.

Nous sommes des Thanatopracteurs formés et titulaires d'un Diplôme National, notre métier est de pratiquer les soins aux défunts dans l'intérêt des familles.

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