La loi sur l’autorisation des soins
sur les porteurs du HIV et des hépatites va surement passer en
cette année d’élection présidentielle. Force est de constater
que les politiques et les associations de lutte pour le droit à
mourir dans la dignité auront gain de cause face à une poignée de
professionnels qui, silencieusement, travaillent dans l’ombre.
Au départ, il était question d
‘interdire les soins à domicile, mais là aussi face à la
pression d’autres associations, le ministère de la santé
abandonne l’idée.
Pour les domiciles, ça peut
s’entendre. Il est vrai que le transport dans un « lieu
dédié » engendre des frais supplémentaires. Le plus simple
aurait été d’interdire de garder les défunts à domicile, mais
dans notre pays, cette tradition est encore bien ancrée.
Ces associations, qui n’on aucune
connaissance de notre métier et de nos conditions de travail
réfléchissent pour nous et nous imposent leur point de vue.
Nous continuerons donc de pratiquer des
soins à domicile sans avoir connaissance de la sérologie des
personnes que nous aurons à traiter.
Je me suis inscrit depuis quelques
jours sur un forum : Séronet, sur lequel je discute avec des
séropositifs et je m’aperçois que nous avons une très mauvaise
image. ; on pense que nous ne respectons pas les défunts
porteurs de maladies transmissibles ; il y a une totale
méconnaissance de la pratique de la thanatopraxie. A force
d’explications, j’arrive à faire passer l’idée que nous
valons mieux que l’image que les médias renvoient de nous.
De mon point de vue, nous sommes les
professionnels qui avons le plus d’égards pour les corps des
personnes décédées, parce que c’est notre métier de nous
occuper d’eux et que nous avons été formés pour cela. Si le
législateur avait cru bon d’interdire les soins de conservation
sur les corps porteurs de maladies transmissibles, ce n’était pas
de notre fait.
A présent, cette loi va passer sans
que l’on puisse réagir, mais à titre personnel, ce qui me dérange
le plus, c’est qu’elle est devenue électoraliste Bien-sûr, à
la veille des élections, on fait du clientélisme et pour se donner
bonne conscience, on nous oblige à être à jour du seul vaccin
existant (l’hépatiteB) et à présenter des résultats d’analyses
sanguines pour obtenir une habilitation. Nous n’aurons bientôt
plus qu’à nous promener avec notre petit kit de trithérapie
d’urgence à utiliser en cas d’accident ! Et cela s’ajoute
aux nouveaux pacemakers ultra miniaturisés dont on ne sait pas
encore comment nous allons bien pouvoir procéder pour les explanter…
C’est le monde à l’envers , nous
allons être obligés de nous justifier pour pouvoir travailler et
nous allons prendre encore davantage de risques . Il est temps
de recadrer les choses.
Si nous devons pratiquer des soins
sur des corps porteurs de virus transmissibles, qu’on nous le
signale au moins, afin que nous puissions prendre nos dispositions en
matière de sécurité et qu’on nous donne les moyens d’exercer
notre métier dans de bonnes conditions ! Et pour ce qui
concerne les pacemakers, il faut soit en laisser la charge aux seuls
médecins, les plus aptes à pratiquer ce genre d’actes, ou alors
il faut nous former pour cela.
Aujourd’hui, je ne vois arriver
aucune réponse à nos questions et je m’interroge sur ce que
l’avenir nous réserve.
Comme nous sommes trop peu nombreux
pour mener une action au niveau national, je pense que nous devons
nous rapprocher des associations, qui ont plus de poids que nous,
afin d’entamer un vrai dialogue.
L’échéance est proche mais nous
avons encore un peu de temps… Réveillons-nous.
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