dimanche 26 mars 2017

Réveillons-nous! Un article de Sébastien Boukhalo

La loi sur l’autorisation des soins sur les porteurs du HIV et des hépatites va surement passer en cette année d’élection présidentielle. Force est de constater que les politiques et les associations de lutte pour le droit à mourir dans la dignité auront gain de cause face à une poignée de professionnels qui, silencieusement, travaillent dans l’ombre.
Au départ, il était question d ‘interdire les soins à domicile, mais là aussi face à la pression d’autres associations, le ministère de la santé abandonne l’idée.

Pour les domiciles, ça peut s’entendre. Il est vrai que le transport dans un « lieu dédié » engendre des frais supplémentaires. Le plus simple aurait été d’interdire de garder les défunts à domicile, mais dans notre pays, cette tradition est encore bien ancrée.

Ces associations, qui n’on aucune connaissance de notre métier et de nos conditions de travail réfléchissent pour nous et nous imposent leur point de vue.
Nous continuerons donc de pratiquer des soins à domicile sans avoir connaissance de la sérologie des personnes que nous aurons à traiter.

Je me suis inscrit depuis quelques jours sur un forum : Séronet, sur lequel je discute avec des séropositifs et je m’aperçois que nous avons une très mauvaise image. ; on pense que nous ne respectons pas les défunts porteurs de maladies transmissibles ; il y a une totale méconnaissance de la pratique de la thanatopraxie. A force d’explications, j’arrive à faire passer l’idée que nous valons mieux que l’image que les médias renvoient de nous.
De mon point de vue, nous sommes les professionnels qui avons le plus d’égards pour les corps des personnes décédées, parce que c’est notre métier de nous occuper d’eux et que nous avons été formés pour cela. Si le législateur avait cru bon d’interdire les soins de conservation sur les corps porteurs de maladies transmissibles, ce n’était pas de notre fait.

A présent, cette loi va passer sans que l’on puisse réagir, mais à titre personnel, ce qui me dérange le plus, c’est qu’elle est devenue électoraliste Bien-sûr, à la veille des élections, on fait du clientélisme et pour se donner bonne conscience, on nous oblige à être à jour du seul vaccin existant (l’hépatiteB) et à présenter des résultats d’analyses sanguines pour obtenir une habilitation. Nous n’aurons bientôt plus qu’à nous promener avec notre petit kit de trithérapie d’urgence à utiliser en cas d’accident ! Et cela s’ajoute aux nouveaux pacemakers ultra miniaturisés dont on ne sait pas encore comment nous allons bien pouvoir procéder pour les explanter…

C’est le monde à l’envers , nous allons être obligés de nous justifier pour pouvoir travailler et nous allons prendre encore davantage de risques . Il est temps de recadrer les choses.
Si nous devons pratiquer des soins sur des corps porteurs de virus transmissibles, qu’on nous le signale au moins, afin que nous puissions prendre nos dispositions en matière de sécurité et qu’on nous donne les moyens d’exercer notre métier dans de bonnes conditions ! Et pour ce qui concerne les pacemakers, il faut soit en laisser la charge aux seuls médecins, les plus aptes à pratiquer ce genre d’actes, ou alors il faut nous former pour cela.
Aujourd’hui, je ne vois arriver aucune réponse à nos questions et je m’interroge sur ce que l’avenir nous réserve.

Comme nous sommes trop peu nombreux pour mener une action au niveau national, je pense que nous devons nous rapprocher des associations, qui ont plus de poids que nous, afin d’entamer un vrai dialogue.
L’échéance est proche mais nous avons encore un peu de temps… Réveillons-nous.






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