Les pompes funèbres
et leurs Thanatos, une belle histoire… Ou pas. Dans cette union
forcée, le Thanato tient le rôle de l’épouse docile et résignée
qui sait que toute tentative de rébellion la mènera à la
répudiation. Pourtant, au-delà du rapport de force, on finit par
s’attacher.
Le Thanato peut
alors se transformer en véritable geisha, devançant même les
désirs de son « client ». Faire les mises en bières,
installer les corps en salon, remplir les bénitiers… Tout ça
après avoir fait place nette en dégageant les catafalques,
chariots, jupes de cercueils, sans parler des restes de fleurs qui
jonchent le sol.
Quel bonheur de se
plier en quatre, ah mais là l’expression prend tout son sens, pour
le combler. Et quelle joie lorsque le Thanato récolte les fruits de
son dévouement, sa récompense : Une tasse de café.
Mais comme dans
toute histoire passionnelle, l’amour peut brusquement faire place à
la haine. Il suffit d’un rien, un grain de sable dans l’engrenage
et la bonne épouse louée pour ses vertus devient dans les yeux du
mari outragé, une catin de bas étage qu’il écrase de son
mépris.
« Je t’aime
petite moukère, quand tu accoures lorsque je te siffle, je t’aime
ma gourgandine, quand tu transformes un corps en or, je t’aime mon
asphalteuse, quand tu patientes en attendant les vêtements, quand tu
réponds toujours que ça ne te dérange pas. J’aime cette façon
que tu as de dissimuler tes sentiments et de toujours me sourire et
par dessus tout j’aime entendre le grincement de ta mâchoire quand
tu me dis « pas de souci ».
Mais ne rêve pas
trop, parce que tu le sais comme moi, au moindre problème, je te
balancerai comme un kleenex usagé. Si je dois me couvrir, pas une
seconde je n’hésiterai à te livrer aux flammes telle une
sorcière.
C’est la dure loi
de la nature, ma petite souris. Mais console-toi, fleur de bitume,
car les prostituées nous devanceront au paradis. »